dimanche 27 janvier 2013

Le marché central brûle


La maison dort encore, seules Marta et moi regardons cette fumée noire qui s’élève tristement dans le ciel… Il n’y a pas de mots pour décrire cette catastrophe. Des milliers de ménages perdent tout ce qu’ils ont…

Nous ne savons rien de l’ampleur de l’incendie. Nous entendons, entre les chants de messe alentours, du remue-ménage qui s’élève du marché. Si les gens ne lèvent pas la tête , ils ne remarqueront pas cette fumée ; s’ils restent chez eux ou dorment encore ; s’ils ne sont pas avertis comme nous l’avons été par quelqu’un au courant, ils ne sauront pas de sitôt ce qui se passe, n’entedront pas ces clameurs inhabituelles…

Un désastre.

Et nous ne pouvons rien faire. On nous recommande même de rester chez nous. De ne pas sortir. Les gens ont tout perdus. Révolte. Désarroi. Impuissance contre cette catastrophe. Choc.

Ces gens ont peu, et le peu qu’ils ont leur est enlevé…

A 9h encore...
(5h plus tard, je reprends l'écriture... )
 
Début de l’incendie vers 6h du matin. 

A midi, on entend une première (et unique, l’instant de quelques secondes) sirène d’incendie.
J’accompagne Adeline pour chercher son pantalon chez le couturier (qui lui a demandé de passer maintenant car il veut rentrer chez lui, l’électricité a été coupée, il ne peut plus travailler). Il nous assure que la rue est calme, qu’on peut venir sans danger. Dans la rue, il y a beaucoup plus de monde que d’habitude pour un dimanche matin (midi !). Les gens sont regroupés par petits groupes autour de radio. Tous, ils écoutent les nouvelles.

Ce couturier est révolté. Pas d’intervention de secours (des « camions pompier » arrivent après 2-3h, mais ne fonctionnent pas ; pas d’accès à l’eau… pas de secours)… « les gens peuvent se révolter… »…

On entend dire par des expats qu’on devrait aller faire des réserves (nourriture, etc.). Ne voulant pas contribuer à un mouvement de panique, nous contactons le « responsable sécurité » pour s’assurer de la nécessité de cette démarche. Il sort d’une réunion avec l’ambassade. Pas de stress. Si nous avons bien notre stock de réserve pour pouvoir tenir 3 jours (comme recommandé dans les mesures de sécurité), on ne doit rien faire de plus pour l’instant.

A 13h, on entend un hélicoptère !!! Il commence des allers-retours entre le marché et le lac, en passant au-dessus de nous, pour amener de l’eau… Au bruit de cet engin, Jérôme se réveille, se demandant ce qui se passe. Choc aussi que d’apprendre cette catastrophe. « Pauvre Bujumbura»…


13h, arrivée d'un hélicoptère de secours rwandais


Je m’arrête ici, si vous voulez plus d’informations sur ces événements, je vous renvoie au journal local, qui relate assez bien les événements (photos des lieux à l’appui).


En moi, un mélange de révolte contre cette catastrophe et de douleur partagée avec tous ces gens qui ont perdu tout ce qu’ils avaient et même ce qu’ils n’avaient pas (endettement pour les prêts contractés pour tenir un espace dans ce marché central).

Que faire?…

Avancer, sans fermer les yeux aux événements et aux réalités, à la réalité, qui nous entoure(nt); essayer de comprendre...




mercredi 23 janvier 2013

Une petite pluie, et hop ! la paillotte…



Nous approchons de la « petite saison sèche », ou nous y sommes déjà peut-être ? Les burundais ne sont pas tous d’accord. Il faut dire que le changement climatique y est pour quelque chose. Les deux semaines sans pluie (= petite saison sèche !) n’arrivent plus à la même date, comme c’était le cas auparavant…

Bref, quoiqu’il en soit, nous avons essuyé un de ces orages (avant cette petite période sans pluie) de fou, qui a duré toute la nuit, avec une pluie torrentielle ! (Heureusement, je n’ai plus de fuite dans ma chambre !). Mais le lendemain, quelle ne fut pas ma surprise, en rentrant du boulot, de voir la paillote complètement cassée ! « Catastrophe !!!» me dit la propriétaire lorsque je l’appelle pour la prévenir ; « heureusement qu’aucun gardien n’était en dessous » lui rétorquai-je aussitôt !

Ouf ! Plus de dégâts que de mal ! Reste à trouver, suivre, … les « charpentiers, peintres, etc. » pour réparer tout ça !

Mais quand je pense aux nombreux burundais dont les maisons, les habitations... aux toits de tôle ou de paille; maisons en torchis ou en bois...doivent faire face à ces intempéries récurrentes, sans indemnités de dégâts pour catastrophes naturelles... Et les dégâts sont nombreux, bien souvent, et importants. Des écoles entières sont ravagées; du jour au lendemain, des milliers d'élèves ne peuvent plus suivre les cours; des champs entier sont dévastés... C'est dur à voir, à lire, à entendre. La réalité. Garder courage, rebatir, reconstruire, replanter,... chercher à survivre, se battre pour vivre.
Questionnement sur notre mode de vie, ici et chez nous. Questionnements sur ces différences, tellement injustes, ici et chez nous. Questionnements sur ce qu'on peut/pourrait/ne pouvons pas/ ... faire pour travailler à ces injustices, ici et chez nous... Questionnements...

Avant et...
...après la pluie!



Il y a du travail!

mercredi 16 janvier 2013

post sur blogcooperation.be

Lien vers un article posté sur le blog "officiel" de la coopération technique belge (CTB):

http://blogcooperation.be/tags/volunteers/adoat/

Bonne lecture! N'hésitez pas à réagir ou poser vos questions/donner de vos nouvelles/...! Au plaisir de vous lire.


accident ou cérémonie sur la route?

Petite anecdote de l'instant, sur la route vers le boulot ce midi:

voilà que tout à coup, embouteillages de centaines de mètres juste avant d'arriver au boulot... ça n'avance plus d'un poil! Je me dis: "bah, c'est rien, on est tout près, et, même s'il fait très chaud, on va continuer à pied!" Mais je n'ai pas le temps d'exprimer ma pensée au chauffeur et aux autres collègues, que voilà que une grande partie des voitures se mettent à prendre le trottoir pour rejoindre un à côté en terre... et prendre une piste pour contourner l'embouteillage... nous arrivons à quelques 100 mètres du boulot, par un autre chemin; mais là aussi, nous sommes bloqués. Je continue à pied (suivie des autres collègues). Quelle n'est pas ma surprise de voir, en arrivant sur la route devant le boulot, une route toutà fait dégagée!!!!! J'équarquille les yeux! "Mais alors, pourquoi y a-t-il un tel embouteillage???" Un collègue me réponds du tac au tac: " c'est pour un de nos présidents... ils arrêtent toute la circulation".- "et c'est comme ça chaque fois qu'ils passent sur la route?" "non", me répond-il, "il doit y avoir une cérémonie*"...

Il n'y a pas grand monde au bureau (tous bloqués sans doute encore!)... cela fait maintenant 25 minutes que c'est bloqué, et enfin, la circulation reprend...tohu bohu et coup de klaxon!

* notons que lorsque LE président se rend à son entrainement de foot quotidien, toute la circulation est bloquée sur son passage.. et c'est un véritable convois (dizaine de motos de police,7-8 jeep avec militaires armés jusqu'au dents, grosses blindées, et 5-6 voitures de je ne sais quelle marque)... Ca vaut la peine d'assister à ce défilé au moins une fois si vous passez par ici!